, Écrivain, Poète, Artiste
 
 
des mesures & démesure
 
 

10 minutes et des poussières - des mesures & démesure - combinaison n°32 - lecture par Isabelle Lartault, Poésie - 8 femmes, Maison de la Poésie, Paris, 18 juin 2014.


 

Maison Huet - 76, avenue de Visé

Extraits de la combinaison n°25 de mesures & démesure (76 avenue de Visé - 42 rue du Relais - Maisons Huet-Repolt - Bruxelles - 20 avril 2012)

Je cherche une place.

Ca fait des heures que je tourne pour trouver une place !

Est-ce que quelqu'un de déplacé, en quête de place ou mal placé a pris la place de quelqu'un ?

 

Si l'on mesure le fait que dans l'espace l'air prend toute la place et qu'il n'y a pas de vibrations et donc pas de sons possibles

Si l'on calcule le temps que peut mettre un son pour revenir

 

Nombre d'appels restés sans réponses.

 

Tu traverses le couloir qui débouche sur une grande salle claire, tu te reconnais ? Elle donne sur une cuisine qui ouvre sur un jardin. Tu sors. L'air est humide. Tu avances sur un plancher de bois glissant avant de descendre dans l'herbe. Tu marches jusqu'au bout du jardin. Ici, il y avait une table de ping-pong et juste derrière un enchevêtrement de ronces dans lesquels les balles venaient se perdre. Tu te reconnais ? La table a été supprimée et à la place s'étendent de larges marches en fer grillagées. La place d'un rêve... Là, maintenant. Là où poussaient les buissons, il y a le verre et le béton, le métal et le bois d'une construction. Le jour commence à baisser et la maison est éclairée. Tu me vois ? Tu me vois avant que je ne te vois?

 

Sortir d'une ombre. Laisser son nom : sortir du nombre ?

 

Qu'est-ce qu'il y a à voir ?

 

Vous poussez doucement la porte. Vous traversez un sas sombre. Non, vous ne vous êtes pas trompé. Une deuxième porte vitrée débouche sur un escalier. C'est bien lui que vous devez emprunter. Vous allez arriver dans une vaste salle. Est-ce la lumière qui est trop forte ou vous qui êtes intimidé ? On vous regarde avancer en clignant des yeux, chercher une place, une place parmi ceux qui ont répondu à l'appel...

 




Maison Huet - 42, rue du Relais
 

Vanité, Philippe de Champaigne, 1646

Extraits de En vain, lecture performée réalisée le 19 novembre 2011 par Catherine Salvini, Erwan Bout et Isabelle Lartault, pour l'exposition de Michel Verjux Vanité, Galerie Jean Brolly, Paris.


Qu'est-ce qu'il y a à voir ?

Vous avez vu l'exposition ?

Qu'est-ce qu'il y a à voir ?

 

3 éléments de nature diverse, de même taille, disposés à égale distance les uns des autres, sur le même plan, sur une pierre plate, devant un fond sombre, dans un tableau.

A gauche, une fleur dans un vase. Au centre, un crâne. A droite, un sablier.


La nature en fin de compte... Si les fleurs fanent, si les couleurs sont limitées, si on touche le fond, si la lumière change, si on n'est que le reflet de soi-même, si les choses se renversent, si on est divisé, si on ne sait plus partager, si on a la tête lourde, si on a la grosse tête, si on n'est pas de marbre, si même la pierre peut s'éroder...


Vous, que regardez-vous ?

Moi ?

Vous ?

Vous regardez... Vous regardez vous...

Regardez !

Qu'est-ce qu'il y a à voir ?

 

Trois éléments de nature diverse, de taille différente, disposés à égale distance les uns des autres, sur un même axe,

au milieu d'une salle vide aux murs blancs, dans une galerie.

Au sol, un projecteur allumé. Au centre de l'espace, une vitrine sur une table. Au mur, une projection de lumière.




Vanité (grand verre sur table basse), Michel Verjux, 2011

 

Les containers sur la Plaine de Plainpalais à Genève le jour du Marché aux Puces

Compte tenu, pièce sonore pour un container, (des mesures & démesure - combinaison n°22), exposition collective Container-Fiction, Bernard Guelton, Isabelle Lartault, Lorenzo Menoud, Michel Verjux, mai 2011, Plaine de Plainpalais, Genève. Enregistrement, montage et mixage son Georges-Henri Mauchant.





Un container posé au milieu du monde, sur une place centrale de Genève, la capitale réputée de la Suisse.

Un écrivain, un clandestin, un enfant, des transporteurs, des vendeurs, des passants, des ouvriers du bâtiment...

Un récipient. Un contenant. Une caisse métallique. Une grosse boîte. Une caisse métallique en forme de parallélépipède. Une caisse de dimensions normalisées. Un compartiment. Un fourgon. Un caisson. Un cube. Une caisse de métal. Un box. Un réduit. Une pièce. Un abri. Une cache. Un container d'où sortent des voix, des paroles, des sons.

Une pièce en plus ? Un manque de place. Les places sont chères. Se mettre à la place. Parler à la place. Que faire sur cette place ?

Si on sait qu'un container contient

Je pourrais imaginer un container témoin et le faire visiter. Je pourrais le remplir, mettre le plus de lecteurs possible dans cet espace délimité, faire lire les passants. Parler des passeurs et des peuples qui se barricadent parce qu'ils se sentent menacés par les peuples qui se déplacent parce qu'ils se sentent menacés, parler des soutes et des camions, de la faim, de la peur, des murs, de la vanité. Entre les mots. Je pourrais prendre les mesures de la place et décrire en long et en large ce qu'on voit depuis le container : la percée sur la montagne, le marché aux puces, le cirque, les jeux de boules ou encore réciter le calendrier des travaux de la ville. Je pourrais enregistrer tous ces bruits et les rentrer dans le container, comme si la vie de la ville passait à travers. Je pourrais, si on sait... Si on ne veut pas savoir... Si l'art,si la poésie, si... Attention, je pourrais ne rien dire et sans bruit me retirer... Au bout du compte, je finirais peut-être par aborder mes propres chantiers...

Quel contenu pour quel contenant ?

Il y a des moments où il faut savoir se contenter
De ce qu'on a
Mais il y a des mots
Il y a des moments où il ne faut pas y compter
C'est trop plein
On ne peut plus se concentrer
Où, non conscient de ce qu'on a
Non content de soi
De la place qu'on a pas
Il devient difficile
De plus en plus difficile de se contenir
Compte tenu des circonstances
Si on sait qu'un container contient
Qu'un container sert à contenir
Le contenu pourrait se transporter là
Et un jour se transporter ailleurs
Le contenu pourrait se retrouver là
Les choses pourraient en rester là
Mais la colère contenue ?
Où la mettre ?

Dans quel contenant ?

Placardées sur le container, des affichettes.
Sous l'intitulé « Ordonnance Fédérale », un article somme l'utilisateur de sons de ne pas gêner les représentations du cirque ni d'effrayer les animaux de la ménagerie. Après l'avoir extraite d'une lettre envoyée aux artistes, j'ai reproduis cette mise en garde qui me concerne tout particulièrement.



 


C'est un ensemble de textes, constitué de séquences courtes regroupées sous forme de remarques, dialogues, et données "objectives". Travail poétique qui aborde, avec gravité et humour, l'idée de mesure et par là-même de démesure, qu'elles soient par rapport à soi, à l'autre, au reste du monde et qu'on ait besoin pour cela d'utiliser son corps, ses mots, un mètre, une échelle, un système de valeurs, un rapport de forces etc. Ces mesures qui, entre enfants, ressemblent à des jeux, prennent avec l'âge l'allure de défis plus sérieux, où il faut sans cesse compenser, masquer ses doutes et ses complexes pour sauver les apparences et rester à la hauteur. La mesure de la portée, de l'efficacité d'un acte, de la vanité des prétentions. La mesure relative des sensations, des sentiments qui créée des faces à faces, des mises à distance et des rapprochements, des désirs et des malentendus. Pour le meilleur et pour le pire, il n'y a pas deux poids deux mesures, mais bien plus en réalité. Le nombre de victimes ne se mesure pas de la même façon d'un bout à l'autre du monde, 1 victime ici compte plus que 100 là-bas, la puissance d'un état sur un autre lui octroie tous les droits. De la mesure du temps qui inéluctablement transforme les corps de la naissance à la mort, jusqu'à la mesure de l'espace de lecture, de ce qui a été écrit, du nombre de minutes passées, de mots, de phrases utilisées.

des mesures & démesures s'écrit et se réécrit continument depuis plus de dix ans. Son écriture constitue une sorte de génome, lequel s'exprime à chaque lecture de manière protéiforme en fonction des lieux, des lecteurs, du public, des circonstances, du contexte.

Isabelle Lartault

 
Les mots manquent...  (des mesures & démesures - combinaison n°20), revue Laura 10, octobre 2010-mars 2011, Tours.




                 raison    manque d'horizon                                                     problèmes de vue

 

                                                                 exposée à la lumière

 

 

 

                                                                                                                                     regards soutenus

                                                                l'absence de regard   

                                                                                      regard de  l'autre... Dire que je n'attendais que ça...          les yeux se croisent un sentiment de malaise              

brouille le message                                                 passer         passer                      sa vie

 

 

 

                                                                                                                 par exposition progressive de l'objet phobique dans l'imagination

 

         d'une personne aimée...

                                                                                            qu'au delà on se perd

 

                                                                                                              Dire qu'il était à côté de moi...                                                         soudés à l'autre

 

                                                                                                                   disparaissent mystérieusement à une vitesse record                          disparaissent volontairement...  Dire que j'aurais pu le toucher

                                                 qu'il existe de très grandes différences morphologiques

 

                                     qu'en gros                                                                                                  les     êtres humains mentent

                                Dire que j'aurais pu lui parler...                                                                                                                       

 

                                                                       d'un bout à l'autre de la planète pour                                 répondre                   

                                                      quelques mots éparpillés


Si l'on sait qu'en raison du manque d'horizon, les habitants des grandes villes ont plus de problèmes de vue que ceux qui vivent à la campagne, que ceux qui vivent à la campagne voient uniquement les avantages de vivre en ville, que parce qu'elle vit de plus en plus en ville, la population occidentale est mieux nourrie et est davantage exposée à la lumière électrique qui favorise la stimulation de l'hormone de croissance qui est produite pendant les phases de sommeil profond qui diminuent après 45 ans, que sa baisse de production, en augmentant la quantité de graisse dans l'organisme, favorise les risques d'obésité, que l'obésité est mal vue dans les sociétés modernes, que des regards soutenus et fréquents, accompagnés de signes d'approbation de la tête rendent, en général, l?interlocuteur plus réceptif, qu'à l'inverse, l'absence de regard suscite la méfiance, qu'en situation de stress ou d'insécurité, nous fuyons spontanément le regard de l'autre  Dire que je n'attendais que ça  Dire que si les yeux se croisent moins de 40% du temps, un sentiment de malaise s'installe et brouille le message que nous voulons faire passer, que passer 12 ans de sa vie dans les transports est le lot d'un consommateur qui arpente avec son chariot environ 3 800 kilomètres d'allées dans les grandes surfaces commerciales et les supermarchés à une vitesse d'environ 3 km/h, soit 90 marathons, que le stress réduit de 7 ans la vie des pauvres, que le stress post-traumatique des soldats revenant de la guerre d'Irak ou d'Afghanistan peut être traité par exposition progressive de l'objet phobique dans l'imagination, que si l'imagerie ne montre aucune anomalie visible on peut sous-estimer une douleur, que la douleur physique peut être réduite par la contemplation de la photo d'une personne aimée dire que pour bien dormir 73 % des couples pensent que 1,60 mètre est la taille idéale d?un matelas parce qu'au-delà on se perd, que les joueurs se souviennent bien davantage de leurs gains que de leurs pertes, que la perte d'un être cher provoque une diminution des globules blancs impliqués dans la défense immunitaire Dire qu'il était à côté de moi Dire que 70 % des couples s'endorment soudés à l'autre en cuillère, que dans les espaces communs les petites cuillères, de quelque qualité qu'elles soient, disparaissent mystérieusement à une vitesse record, que tous les ans en France, 1700 personnes disparaissent volontairement  Dire que j'aurais pu le toucher Dire que 15 000 volontaires de 5 à 70 ans ont été mesurés pour redéfinir la taille moyenne des français, qu'il existe de très grandes différences morphologiques en fonction des catégories socioprofessionnelles, que plus une personne est éduquée plus elle est grande, que moins les gens sont grands, que plus les gens sont gros, plus ils se déclarent plus grand et moins gros, qu'en gros, 24 000 personnes meurent de faim dans le monde et que les êtres humains mentent deux à trois fois par jour Dire que j'aurais pu lui parler Redire qu'en fonction du jour et de la nuit Google se reconfigure en permanence en s'adaptant à l'activité régionale des internautes, que ses 900 000 ordinateurs interconnectés parcourent inlassablement le web pour le copier en intégralité et transférer des données d'un bout à l'autre de la planète pour répondre chaque jour en une fraction de secondes à des dizaines de millions de requêtes quasi simultanées,  chacune ciblant quelques mots éparpillés   dans une dizaine de milliards de pages, à une vitesse record, prévoir qu'on pourra bientôt trouver sur Internet le contenu de 15 millions de livres, prendre en compte un rapport américain qui montre qu'inclure la littérature dans les études des étudiants en médecine développe l'instinct compassionnel, penser qu'écrire régulièrement ses états d'âme dans un journal intime augmente la qualité des défenses immunitaires Dire que les mots m'ont manqué Dire qu'un licenciement brutal entraîne une baisse des anticorps, que des asthmatiques allergiques au pollen peuvent déclencher des crises à la vue de fleurs en papier, qu'1 papier met 3 mois à disparaître, 1 peau de banane 5 mois, 1 chewing-gum 3 ans, 1 sac plastique 5 ans, 1 ordinateur des centaines d'années, et que la consommation de conservateurs chimiques fait qu'un cadavre met 3 jours de plus à se décomposer aujourd'hui qu'autrefois Rappeler qu'au commencement de sa vie, l'homme traverse, en accéléré, toutes les étapes de l'évolution, passant d'une cellule à un invertébré à un poisson à un reptile et à un mammifère avant d'être un être humain, et qu'en raison du réchauffement climatique, d'ici 2050, un quart des espèces animales pourraient disparaître de la planète, que la masse d'une planète doit lui permettre de « nettoyer » son orbite en expulsant ou en capturant tout objet qui demeure à proximité Dire que c'était le moment de lui dire ce que j'avais à lui dire Dire qu'au-delà d'une certaine taille, les corps cessent de ressembler à des planètes et commencent à se comporter en étoiles, qu'à cause de l'éclairage urbain, une douzaine d'étoiles peuvent être observées à l'oeil nu à Paris, alors qu'on peut en voir presque 5000 au-dessus des océans et des déserts, que les déserts s'étendent, que l'eau manque, que les mots manquent, que des milliers de milliards de mots-clés sont stockés en permanence dans les serveurs, que chaque centre de données est un entrepôt gigantesque qui doit être construit à proximité d'une source d'énergie, qu'il y a 2,5 millions de réacteurs nucléaires qui ne servent qu'à éclairer le ciel, que le ciel de la terre semble séparé par une ligne, qu'un mur est un ouvrage de maçonnerie s'élevant verticalement sur n'importe quelle longueur servant à enclore, à séparer des espaces, à supporter une poussée, qu'un pont est un ouvrage reliant deux points séparés par une dépression ou par un obstacle On a beau faire un tour d'horizon quand on est seul au centre, beau savoir que seuls 22 % des Français ferment leurs rideaux et leurs volets, que seules les personnes très proches peuvent pénétrer dans la zone dite de distance intime qui va de 0 à 60 cm, que seule la gravité est capable de donner à un astre une forme presque parfaitement sphérique, que seul les êtres humains pleurent en naissant et que seul l'homme et les quelques animaux capables de se reconnaître dans un miroir, viennent spontanément en aide à leurs congénères blessés et qu'une des caractéristique de la peur est qu'elle a toujours à voir avec ce qui va venir, qu'elle est une appréhension de l'avenir, que l'artiste qui a de l'avenir est celui qui a un degré de liberté élevée par rapport à la configuration dans laquelle il se trouve, que pour trouver les 8 790 000 entrées du mot « clef » sur Internet Google a mis 0,20 secondes On a beau dire et prédire... Dire que c'était le moment de lui dire ce que j'avais à lui dire et que... Et que je n'ai...  Que je n'ai rien...   Et que je n'ai rien trouvé à lui dire !


   à une vitesse record, prévoir

                      prendre en compte                                           

                                                                                                                   penser

                    ses états d'âme

                                                                                                   Dire que les mots m'ont manqué...

 

                                                                                                                                                                  au


commencement  

 

 

                         disparaître

                         en expulsant ou en capturant tout objet qui demeure à proximité... Dire le moment de lui dire ce que j'avais à lui dire...                                                          

les corps cessent de ressembler à des planètes et commencent à se comporter en étoiles

 

                                            au-dessus des océans et des déserts                                    

   l'eau manque           les mots manquent           des milliers de milliards de mots-clés sont stockés en permanence

 

 

                                                                   le ciel     la terre                                  une ligne   un mur  

                                                            des espaces                                                     un pont  deux points séparés par une dépression       un obstacle On a beau faire un tour d'horizon quand on est seul au centre, beau savoir que seuls          

que seules

                      que seule la gravité

                  que seul les êtres humains                                                  que seul l'homme

 

                                                                                                   voir                              venir

                                                  l'avenir                                       l'avenir

                         mot « clef »                                                       On a beau dire et prédire... Dire que c'était le moment de lui dire ce que j'avais à lui dire                 

et que... Et que je n'ai... Que je n'ai rien...   Et que je n'ai rien trouvé à lui dire !



 
En prise (des mesures & démesures, combinaison n°19), revue passage d'encres, n°41, Cinéma XXIe S. Romainville, octobre 2010.


Extraits


(...)


Si l'on montre le temps passé à essayer de se représenter des expériences affectives que l'on n'a pas forcément vécues...

 

 

 (Un décor.)


 Démesurée, débordante, léchée, la salle, à l'image de ses images, vient à vous. Les fauteuils spacieux vous prennent dans leurs bras et vous orientent là où il faut. Le vide a été entièrement aspiré. Rentrent d'emblée ceux qui ne veulent pas se voir ou qui ont renoncé à s'appliquer à voir vraiment. Ici, la vue est plus pleine et la vie multipliée pendant un laps de temps précis et selon des dimensions déterminées spécialement. Toutes les places sont prises.

 

 

(Des voix off.)

 

Si l'on se souvient qu'on peut sous-estimer une douleur si l'imagerie ne montre aucune anomalie visible, que certains satellites équipés de capteurs infrarouges peuvent, par tous les temps, capter sur terre la chaleur produite par un corps et suivre ses déplacements, que seuls 25% des Français ferment leurs rideaux et leurs volets, que seul l'homme, et les quelques animaux capables de se reconnaître dans un miroir, viennent spontanément en aide à leurs congénères blessés, que grâce à un miroir doté de caméras qui reproduit un reflet numérique de soi, on pourra bientôt, selon son mode de vie, prédire son apparence, que l'audiodescription permet aux aveugles de « voir » des films, que la réalité augmentée consiste à superposer une créature ou un espace virtuel au réel comme, par exemple, faire apparaître son chien n'importe où, ou offrir la carte du ciel qui décrit le ciel au-dessus de nous, et que « je » n'a pas, dans toutes les langues, le même sens selon que l'on dise :  « je mange » ou « je me souviens »...

 

Je me souviens...

 

 

(Dernière image en mouvement : une femme en train de tourner sur elle-même, lentement.)

 

 

Tu te reconnais ?

Ils ont repeint quelques arbres, la route a été bétonnée, mais son tracé n'a pas changé

La route, tu la reconnais ?

Ils ont multiplié les pavillons et planté des réverbères, mais le village n'a pas bougé

Le village, tu le reconnais ?

Ils ont ajouté un chien dans la cour et une grille autour, mais la maison n'a pas été transformée

La maison ?

La maison, tu la reconnais ?

 

Ils ont divisé les terres, mais la colline a été rabotée pour que le paysage reste ensoleillé

Le soleil ?

Le soleil enfin, tu le reconnais ?

 

Non, je ne me reconnais pas.

 

 

 

 

 

 

ECRAN NOIR

 

 

C'est fini ?

C'est déjà fini ?

Ça ne peut pas finir comme ça !

 

 

Si l'on se rend compte que la terre est un système fini, qu'en bricolant le génome d'un individu tous les 10 ans, on pourrait, à l'instar de arbres, remettre son horloge biologique à zéro et vivre ainsi des millions d'années et que cela fait une éternité que le film terminé, juste avant le générique, on ne voit plus apparaître le mot FIN

 

 

 

 

 

 

 



 


 

On vous a vus (des mesures & démesures, combinaison n°18), lecture (avec la participation des lecteurs : Joëlle Péhaut, Jennifer Douzenel, Erwan Bout et Vincent Dulom), dans le cadre de Fiction/lectures Performées à la Fondation d'entreprise Ricard, le 7 juin 2010.




Extraits

 

(Pendant que les gens s'installent, la caméra balaie la salle avant de se fixer. L'image du public est projetée derrière moi.)

Vous m'entendez ?
1,
1, 2, ...
1, 2, 3, ...

 (Je compte le nombre de spectateurs.)

4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, etc.

(En partant et en revenant sur mes pas.)

Où es-tu ?... Quand tu sors du métro, tu arrives sur la place, la place... tu es presque arrivé. Tu n'as plus qu'à tourner dans la rue... Quand tu fais face au Cri... Quand tu fais face au Cri... au Cri... Quand tu fais face au grand hôtel du... au grand hôtel connu, c'est bizarre, je ne me souviens jamais des noms des monuments et des rues. Tu continues et tu prends à droite, tout de suite à droite. C'est simple, il y a deux sens interdits de chaque côté et tu vas voir une grille et des chiens muselés à l'angle où tu vas tourner...


(En cherchant, en tournant.)


Il y a encore de la place ici ?
Je cherche une place.
Ça fait des heures que je tourne pour trouver une place !


(La main en visière au-dessus des yeux.)

6,3 milliards...
6,4 milliards...
6 milliards et demi...
Vous me voyez ?


Si l'on mesure le fait qu'en raison du manque d'horizon, les habitants des grandes villes ont plus de problèmes de vue que ceux qui vivent à la campagne, que ceux qui vivent à la campagne voit uniquement les avantages de vivre en ville, que parce qu'elle vit de plus en plus en ville, la population occidentale est mieux nourrie et est davantage exposée à la lumière électrique qui favorise la stimulation de l'hormone de croissance, que cette hormone est produite pendant les phases de sommeil profond qui diminuent après 45 ans, que sa baisse de production, en augmentant la quantité de graisse dans l'organisme, favorise les risques d'obésité, que l'obésité est mal vue dans les sociétés modernes, que des regards soutenus et fréquents, accompagnés de signes d?approbation de la tête rendent, en général, l'interlocuteur plus réceptif, qu'à l'inverse, l'absence de regard suscite la méfiance, qu'en situation de stress ou d'insécurité, nous fuyons spontanément le regard de l'autre et que si les yeux se croisent moins de 40% du temps, un sentiment de malaise s'installe et brouille le message que nous voulons faire passer, que Google se reconfigure en permanence en fonction de l'alternance entre le jour et la nuit, en s'adaptant à l'activité régionale des internautes, que ses 900 000 ordinateurs interconnectés parcourent inlassablement le web pour le copier en intégralité et transférer des données d'un bout à l'autre de la planète pour répondre chaque jour en une fraction de secondes à des dizaines de millions de requêtes quasi-simultanées, chacune ciblant quelques mots éparpillés dans une dizaine de milliards de pages, que les enfants qui passent beaucoup de temps devant les ordinateurs et regardent la télévision dans leur chambre pèsent 20 % de plus que les autres, que les autres n'ont ni chambre ni télévision ou qu'ils sont mieux éduqués, que plus une personne est éduquée plus elle est grande, que moins les gens sont grands, que plus les gens sont gros, plus ils se déclarent plus grand et moins gros, qu'en gros, 24 000 personnes meurent de faim dans le monde et que les êtres humains mentent deux à trois fois par jour...



(Dans la salle, quelqu'un se lève et crie.)

C'est faux !!!

Si on fait un tour d'horizon, on voit s'entasser dans les villes des hommes aveugles et apeurés qui, face à leurs écrans, luttent contre contre l'obésité en se racontant des histoires.



(Dans la salle, 3 personnes lèvent le doigt, chacun à leur tour. On leur passe le micro.)

Il faut stimuler la croissance coûte que coûte !
Il faut prendre les mesures qui s'imposent !
Il faut tout mettre dans la balance !


De la terre au soleil :
De la terre à la lune : 
D'un bout de la terre à l'autre :  
De chez toi à la rue Boissy-d'Anglas :  
De vous à moi (spectateurs de devant) :
De vous à moi (spectateurs du milieu) : 
De vous à moi (spectateurs du fond) :    
150 000 000 de kilomètres
385 000 kilomètres
40 000 kilomètres
   kilomètres
1 ou 2 mètres    
10 à 12 mètres  
20, 25 mètres...


Le monde est petit !


(...)



 


Tout le reste est dans l'ombre, poème urbain visuel et sonore en collaboration avec Michel Verjux, Nuit Blanche 2010, Tour Montparnasse.
Prise de son Laurent Mauvignier. Montage et mixage Laurent Chambert. Photo André Morin.



 
Extraits sonore de Tout le reste est dans l'ombre (Les données éclairantes) par Philippe Guyard

Extraits du texte Tout le reste est dans l'ombre.

2) La Tour (en suivant le guide)

Voix féminine style voix d'hôtesse d?aéroport ou de gare. Avant chaque  « Des chiffres », les deux notes indicatives des ascenseurs quand ils arrivent à l'étage demandé. Un avion passe en altitude (on se rappelle du 11 septembre 2001).

 

Des chiffres : avec ses 210 m de haut, la Tour Montparnasse est le plus haut gratte-ciel de France. La Tour a été construite en 1974 par les architectes Jean Saubot, Eugène Beaudoin, Urbain Cassan et Louis Hayn de Marien. Des chiffres : faite de béton, d'acier et de verre fumé, la Tour possède 59  étages de 1700 m2 chacun, occupés, principalement, par des bureaux dans lesquels travaillent 5000 personnes. Des chiffres : la Tour a 300 co-propriétaires. Des chiffres : parmi les nombreuses entreprises qui occupent la majeure partie des 90 000 m2 de surface de la Tour, on trouve : l'ambassade des Pays-Bas, la Mutuelle de l'éducation Nationale, la chaîne Al Jazeera, le conseil de l'ordre des architectes et le groupe Axa. Des chiffres : les étages de la Tour sont desservis par 25 ascenseurs et 5 monte-charges. Des chiffres : l'ascenseur qui relie sans escale le rez-de-chaussée au 56ème étage de la Tour, monte les 196 m en 32 secondes. La présence d'amiante a été détectée dans des locaux techniques du 15, 42, 57, et 58ème étage de la Tour. Des adeptes du Base-Jump sont parvenus à déjouer les services de sécurité et à sauter en parachute du haut de la Tour. Des chiffres : la Tour compte 7200 fenêtres pour 40 000 m2 de façades et pèse 150 000 tonnes. Des chiffres : la base de la Tour est en forme d'amande de 50 x 32 m. Des chiffres : les fondations de la Tour sont constituées de 56 piliers en béton armé s'enfonçant à 70 m sous terre. Des chiffres : la Tour a 6 niveaux souterrains et une terrasse sur le toit. En 2004, un détecteur de muons installé au sommet de la Tour envoyait un rayon laser en direction de l'Observatoire de Paris. (Bruit d'avion.) Au 56ème étage de la Tour, le bar/restaurant offre une vue exceptionnelle sur Paris. Des chiffres : le salon panoramique de la Tour peut accueillir 300 personnes en formule cocktail. En 1986, la Tour a failli être touchée par un attentat d'Action Directe. Les rambardes de la terrasse de la Tour peuvent basculer à l'horizontale vers l'extérieur grâce à des vérins hydrauliques. Des chiffres : 120 secondes suffisent à transformer le toit de la Tour en hélisurface temporaire. Des chiffres : le groupe AZF, qui tentait d'extorquer des fonds à l'état français en menaçant de faire exploser des bombes sur les voies ferrées, avait demandé que la rançon soit récupérée par un hélicoptère qui se poserait sur le toit de la Tour. Des chiffres : quand les conditions sont favorables, on peut voir depuis le haut de la Tour, jusqu?à 40 km de distance et notamment apercevoir les avions décoller de l'aéroport d'Orly situé à plus de 13 km à vol d'oiseau. Des chiffres : la Tour a été escaladée pour la première fois par Jean-Claude Droyer et Alain Robert a gravi la Tour à mains nues à 3 reprises. Des chiffres : au chevet de la Tour s'étend un vaste parvis d?une longueur de 300 m, d'une largeur de 100 m et d'une jauge pouvant contenir jusqu'à 1200 personnes. La Tour s'insère dans le prolongement de l'axe créé par le Palais de Chaillot, le Trocadéro, la Tour Eiffel, le Champ de Mars et l'Ecole Militaire, en parallèle avec l'axe historique. François Mitterrand a installé son quartier général pendant la campagne pour l'élection présidentielle de 1974 dans la Tour, et le RPR y a siégé à ses débuts. La Tour est encadrée par les rues du Départ et de l'Arrivée, le boulevard du Montparnasse et la place de 18 juin 1940. Des chiffres : la Tour reçoit 600 000 visiteurs par an et sa fréquentation est en hausse. La visite de la Tour se fait tous les jours de l'année sans exception. Des chiffres : (Tout chiffre !) tout le reste, c'est des mots.

En boucle :

La visite de la Tour se fait tous les jours de l'année sans exception. La visite de la Tour se fait tous les jours de l'année sans exception. La visite de la Tour se fait tous les jours de l'année sans exception.

Puis, les mots : « La Tour » sont répétés à tour de rôle par des voix différentes.

 



 

2 temps/3 mouvements (des mesures & démesure - combinaison n°17 ), lecture performée, soirée lecture Ecouter/Voir avec Louis-Michel de Vaulchier, Jo Guglielmi, Yves Boudier, Isabelle Lartault, librairie A Balzac A Rodin et la revue Passage d'Encres, Paris, 17 décembre 2009.








 


Extraits


 (En tournant autour de la table ronde.)

Si tu suis la rue qui monte, tu ne peux pas te tromper. Tu longe la gare en restant dans la même direction jusqu'à arriver sur une place, puis, tu prends le boulevard sans t'arrêter. Quand tu débouches sur le carrefour, tu es presque arrivé. C'est simple, mais là, il faut bien regarder. Dressé derrière une clôture naine en métal tressé, encerclé, tu vas voir un menhir avec des yeux une bouche et un nez : c'est Rodin, c'est Balzac, enfin, c'est Balzac par Rodin. Lui qui tenait tête, lui qui même noyé dans sa masse faisait autorité, se retrouve aujourd'hui planté, là, au milieu du trafic et des rues agitées. A présent, tu tournes à gauche, puis tu traverses l'altère avant de t'engager dans la petite rue de La Grande Chaumière. 

 

 

Le monde est petit !

 

(En tournant autour de plus en plus vite.)

 

Si l'on se rend compte que l?univers observable est de plus en plus vaste, qu'en dépit de l'attraction gravitationnelle de la matière son expansion s'accélère et qu'un consommateur arpente avec son chariot environ 3 800 kilomètres d'allées dans les grandes surfaces commerciales et les supermarchés à une vitesse d'environ 3 km/h, soit 90 marathons, et qu'il passe 12 ans de sa vie dans les transports.

 

 

(Debout.)

Si on veut réussir, faut savoir se débrouiller dans la vie, faut viser haut, faut voir loin, faut se lever tôt, faut voir grand, faut faire sa place, faut imposer sa loi, faut toujours être le premier, faut avoir un gros mental, faut être un gagnant, faut être le meilleur, faut jamais regarder en arrière, faut continuer d'avancer, faut aller droit au but, faut s'occuper de personne, faut les laisser dire, faut leur laisser aucune chance, faut les humilier, faut les mettre à genoux, faut les démolir, faut les écraser, faut les massacrer, faut les anéantir !

 

 

(En faisant tourner les toupies.)

 

 

Si l'on tient compte du fait que le bonheur se répand par vagues « au travers » des cercles sociaux, qu'avoir des voisins de palier heureux augmente de 34 % les chances de l?être aussi et qu'avoir un ami heureux qui vit à moins de 800 mètres de chez soi augmente de 42 % les chances de l'être soi-même, qu'au Japon il est impossible d'exprimer un sentiment autre que le sien, que l'on ne peut pas dire de quelqu'un qu'il est malheureux, mais seulement qu'il présente des signes, qu'il semble malheureux, que les êtres humains sont les seuls mammifères qui pleurent en naissant, que lorsqu'un nouveau-né entend pleurer un autre bébé il pleure, que seul l'homme et les quelques animaux (chimpanzés, éléphants, dauphins) capables de se reconnaître dans un miroir, viennent spontanément en aide à leurs congènaires blessés, que quand elle est triste, le cerveau d'une femme dépense 9 fois plus d'énergie que celui d'un homme, mais que pleurer diminue la tristesse d'environ 40%, que l'homme, comme tous les autres êtres vivants, est constitué de 70% d'eau et même de 80% en ce qui concerne le cerveau, que l'eau est la première substance de la planète, mais que celle qui est utilisable par les humains, l?eau douce, n'en représente que 2,5%, que si un Islandais a accès à 600 000 m3 d'eau par an, un habitant de Gaza doit se contenter de 70 m3/an  et que la plupart des personnes qui n'y ont pas accès, soit 30% de la population mondiale, vivent en Asie et en Afrique, qu'en Europe 40% de l'eau utilisée est consommée par les chasses d'eau, que les conséquences du changement climatique risque d'aggraver la raréfaction d'eau de 20% dans le monde, que pour fabriquer un hamburger, il faut 2400 litres d'eau, 50 litres d'eau pour faire 1 kilo de savon, 4 500 litres d'eau pour obtenir 1 tonne de pétrole brut raffiné, 35 000 litres d'eau pour fabriquer une voiture sachant que 2 800 gisent au fond de la mer du nord, que 100, en France sont brûlées chaque jour et que les pompiers, qui peuvent transporter jusqu'à 6 000 litres d'eau, interviennent aussi en cas de fuite.

(En arrêtant brusquement le mouvement des toupies.)

 

LA PAIX !!!

 

 

Résultat : quand à force de jouer avec le feu, la planète se sera trop réchauffée, et que les pays riches auront gaspillé toute l'eau qu'il faut pour vivre, il ne nous restera plus que nos yeux pour pleurer.

 

 

 

 (En tournant autour de la table ronde.)

 

Tu marches encore pendant environ 100 mètres et tu t'arrêtes au numéro 11, 11 bis exactement. Tu vas trouver la librairie sur ta gauche si tu arrives du bon côté. Sa vitrine trompe l'oeil, on dirait une vitrine seulement, mais il y a quelque chose derrière et dessous, il ne faut pas abandonner maintenant. Si je ne me trompe pas, à travers les lettres A Balzac A Rodin écrites sur un miroir, tu pourras t'apercevoir. Ne craint pas de pousser la porte qui résiste un peu, de descendre l'escalier à vis jusqu'à ce qu'il ait fini de tourner.  Et là, tu vas voir apparaître les livres, et là tu vas découvrir des gens qui sont venus comme toi pour échapper à la neige ou pour la regarder fondre. 

 

 

 

 

Si l'on mesure le fait qu'une goutte d'eau que l?on se représente ronde avec une pointe en haut est en réalité ronde avec une pointe en bas.

 

Tout le reste c'est des mots !


 

(En fermant progressivement le rideau.)

 

Il me regarde,

me regarde,

me regarde... Et s'approche : je crois que je vous ai déjà vu quelque part mais...

Je le regarde,

le regarde,

le regarde... Et j'hésite : je ne crois pas vous avoir déjà vu mais...

Il me regarde, me regarde, me regarde... Oui, je ne sais pas où mais...

Je le regarde, le regarde, le regarde... C'est possible mais...

On se regarde...

Se regarde...

Non, je ne connais pas untel, non,

non plus,

non je ne suis jamais allée dans cet endroit,

non, non plus...

Non.

On se regarde.

Il m'a peut-être vue sans que je le vois.

Il s'excuse. Une ressemblance.

Je le regarde.

Il s'en va.

Désolée,

            je le regarde,

               le regarde,

le regarde... Maintenant sa tête me dit quelque chose. Finalement, j'ai l'impression de l'avoir déjà vu. Je ne sais pas où mais...

Une ressemblance ?

Sa tête me dit quelque chose... Je l'ai déjà vu, je viens de le voir, je le vois encore, je le regarde depuis qu'il m'a regardée, à force de le regarder j'ai l'impression de l'avoir déjà vu avant alors que je ne suis peut-être qu'en train de le voir maintenant en train de le voir tellement que je ne vois plus que je ne sais plus et que je ne saurai jamais ce qui est vrai mais je sais seulement et de façon sûre que si on se revoit on pourra dire vraiment qu'on s'est déjà vu.

 

 

 

Si l'on se rend compte que ce qui est caché l'est ensuite pour être montré, que le voile, qu'il s'agisse de celui porté par la future mariée ou de celui de la prostituée, précède souvent l'acte sexuel et que le bégaiement est presque toujours le symptôme d'un secret qu'on a voulu garder pour soi

 

 

 

Quel âge avez-vous ?

 

Quel âge vous me donnez ?

 

 

J'ai plus l'âge !

 

 

Si l'on tient compte du fait qu'écrire régulièrement  ses états d'âme dans un journal intime augmente la qualité des défenses immunitaires.


Tout le reste c'est des chiffres !

 

 


 

 

 

 

 



 

Je vais pas t'attendre  - (des mesures & démesures - combinaison n°13), 3 vidéos, image et montage Jennifer Douzenel, Gare au Théâtre, Vitry-sur-Seine, 2009, éditions label hypothèse.



Qu'est-ce que tu fabriques ?

Je vais pas t'attendre pendant des heures !

 

 

 

 

On est bientôt arrivé ?

C'est quand qu'on arrive ?

On arrive dans combien de temps ?

On est presque arrivé ?

Ça y est, on est arrivé ?

On est arrivé ?

C'est quand qu'on arrive ?

 



Qu'est-ce qu'il fabrique ? Je vais pas l'attendre pendant des jours !



 

 

C'est simple, tu ne peux pas te tromper : tu vas jusqu'au feu et tu tournes sitôt à droite. Là, tu fais le tour du rond-point, tu prends « Nouveau stade » et tu continues tout droit. Après avoir passé la station-service, tu prends la première à gauche, puis la deuxième à droite, puis la deux... la trois ou la quatrième à gauche. C'est simple, tu vas voir, tu ne peux pas te tromper, il y a une boulangerie qui fait l'angle. Au feu, tu prends encore à droite, puis à gauche tout de suite. Si elle est en sens interdit, celle d'après doit y aller aussi. Encore que je ne sois pas sûr qu'elle soit dans le bon sens... Tu dois arriver devant une église moderne. C'est bien simple, tu prends la deuxième à droite, puis tu suis la rue qui monte. C'est simple, tu ne peux pas te tromper : tu vas jusqu'au feu et tu tournes sitôt à droite. Là, tu fais le tour du rond-point, tu prends « Nouveau stade » et tu continues tout droit. Après avoir passé la station-service, tu prends la première à gauche, puis la deuxième à droite, puis la deux... la trois... ou la quatrième à gauche.Tu vas te retrouver juste devant les établissements Fourneau-Joly et là, tout de suite après, tu vas apercevoir le pont. Tu passes dessous, puis tu continues tout droit le long de l'ancienne voie de chemin de fer pendant environ trois cent mètres en laissant, à ta droite, des anciens entrepôts qui ont été transformés en salles de théâtre. Et là, tu verras, si je ne me trompe pas, il doit y avoir un panneau « Toutes directions ».



Qu'est-ce qu'il fabrique à la fin ? Je vais pas l'attendre pendant 100 000 ans !

 

 

 

On est bientôt arrivé ?

C'est quand qu'on arrive ?

On arrive dans combien de temps ?

On est presque arrivé ?

Ça y est, on est arrivé ?

On est arrivé ?

C'est quand qu'on arrive ?

 

 

Jusqu'où tu irais par amour ? Tu irais jusqu'où ? Par amour tu irais jusqu'où tu irais ? Jusqu'où par amour ? Tu irais jusqu'où par amour jusqu'où tu irais ?

 

 


 



 

des mesures & démesure (combinaison n°14), lecture par Joëlle Péhaut, Catherine Salvini, Patrick Quérillacq et Isabelle Lartault, La Générale en Manufacture, Sèvres, juillet

Suite à cette lecture, une vidéo a été réalisée par Isabelle Rozenbaum pour la plateforme éditoriale D-Fiction. Un entretien et la combinaison n°16 de des mesures & démesure sont aussi publié sur le site.



Extraits

Dans l'escalier

 

(A tour de rôle, depuis différents endroits entre le bas et le haut de l'escalier.)

 

 

De la terre au soleil :                                150 000 000 kilomètres

De la terre à la lune :                                      385 000 kilomètres

D'un bout de la terre à l?autre :                      40 000 kilomètres

De Paris à Sèvres :                                                 15 kilomètres

De bas en haut :                                                       8 mètres..., 8,50 mètres ?         

De vous à moi :                                                        30 centimètres

 

(Faire MONTER l'ascenseur, attendre qu'il soit arrivé pour continuer.)

 

 

(Un lecteur en regardant autour de lui.)

 

Tout le reste, c'est des mots.

 

 

 

(A tour de rôle. Un lecteur en descendant et un autre en montant pour se retrouver sur le palier.)

 

Où es-tu allé ?

En bas.

Tu n'as rien acheté ?

C'était fermé.

Ce matin, c'était ouvert.

Ce matin, c'était déjà fermé.

Ce matin, c'était ouvert.

C'était fermé.

Tu n'as pas dû pousser la porte assez fort.

Le rideau était baissé.

Ce matin, il était levé. 

Ce matin, ça n'était pas éclairé.

Pourquoi n'es-tu pas allé en haut ?

En haut ? Je croyais que tu ne voulais plus y aller !

C'est avec ceux du bas que je me suis fâché.

De quel bas tu parles ?

Hé bien, du bas !

Où vois-tu le bas ?

En bas ! En descendant vers le rond-point !

Mais ça ne descend pas par là !

Ça descend légèrement, et puis après, ça remonte doucement.

Mais pas du tout ! C'est même exactement l'inverse ! D'abord, ça monte et à la fin, peu à peu, ça descend !

Je ne comprends pas pourquoi tu vois le haut en bas et le bas en haut !

Je ne comprends pas pourquoi tu vois le bas en haut et le haut en bas !

Je ne comprends pas, surtout que c'est presque plat.

Oui, mais c'est moins plat en allant à droite qu'à gauche.

Tu veux dire à droite en partant d'où ?

 

 


 

des mesures & démesures (combinaison n°10) lecture performée d'Isabelle Lartault et installation Longueur pour hauteur, 305 pour 100, de Julien Mijangos. Lecture par Joëlle Péhaut, Patrick Quérillacq et Isabelle Lartault, avec la participation de Odile Kennel, librairie Zadig, Berlin, février 2009.





Extraits


Les lecteurs disent tous, les uns après les autres, « le premier ». Le dernier à parler finit les phrases.)

 

Le premier qui a commencé.

Le premier qui a jeté une pierre.

Le premier qui a reçu une pierre et qui en a  jeté deux.

Le premier qui a dit qu'il avait vu l'autre en jeter trois.

Le premier qui a dit que ce n'était pas lui qui avait commencé.

Le premier qui a dit qu'il n'allait jamais recommencer et qui a quand même recommencé.

Le premier qui a recommencé en disant qu'il ne fallait pas avoir commencé.

 


 

Si l'on mesure le fait qu'aujourd'hui le consommateur de farces et attrapes s'informe pour savoir si ça va faire mal, si ça va sentir mauvais, si c'est allergisant, si ça tache, que les farces et attrapes d'importation chinoise, de moins bonne qualité, ne trompent et donc ne font rire personne, et que pour bien réussir ses farces il faut toujours choisir sa victime...

 


 

Tu viens ?   

J'irai pas.

On t'attend.

J'irai pas.

C'est l'heure !

J'irai pas.

C'est pas ce que tu crois.

J'irai pas.

Tu te fais des idées.

J'irai pas.

Tu n'es pas le seul.

J'irai pas.

C'est pour ton bien.

J'irai pas.

Il y en a de plus malheureux que toi.

J'irai pas.

Il y en a qui donneraient cher pour être à ta place.

J'irai pas.

Le temps va passer vite.

J'irai pas.

Tu seras content après.

J'irai pas.

Tu voudras y rester.

J'irai pas.

Tu voudras plus revenir.

J'irai pas.

Tu nous remercieras.

J'irai pas.

On y va !

J'irai                                  PAS !                                                                               

 

 

(Un lecteur en faisant tourner les trois toupies.)

 

De la terre au soleil :                                     150 000 000 millions de kilomètres

De la terre à la lune :                                     385 000 kilomètres

D?un bout de la terre à l?autre :                     40 000 kilomètres

De Paris à Berlin :                                        1100 kilomètres

De vous à moi :                                              30 centimètres

 


Revenus après qu'on les ait traînés plus bas que terre, beaucoup de ceux qui n'y croyaient pas se sont mis à croire au ciel, tandis que ceux qui y avaient cru, maintenant, n'y croyaient plus.

 

 

 

Si l'on prend en compte le fait que pour tester la dangerosité des jouets, les laboratoires des douanes, de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes leur font subir toutes sortes d'épreuves telles que le conditionnement pendant des heures dans une enceinte à des températures extrêmes et à un fort degré d'humidité, des brûlures au moyen d'une torche à plasma avec une flamme de 3000° C, des écartèlements et des chutes répétées de poids... 

 

 

(Un lecteur.)

 

Je m'en fous, je sens rien ! De toute façon, j'ai pas mal ! Tu peux continuer, j'ai pas mal ! J'ai même pas mal !

 

 

 (Les yeux fermés.)

 

Souvent, quand ils ont les yeux fermés, les petits enfants croient qu'on ne les voit pas. 

 

 

En attendant la lecture du jugement, il y a ceux qui jugent qu'ils sont les meilleurs juges, qui jugent qu'ils sont au-dessus de tout jugement, qui jugent ce qui est bon pour les autres, qui jugent au jugé, qui ont des préjugés, qui ont vite fait de juger, qui jugent que les autres sont seuls juges, qui jugent que chacun est juge, qui sont juges et parties, qui ne veulent préjuger de rien, qui jugent que ce n'est pas à eux de juger, qui jugent qu'on ne peut pas juger, qui jugent qu'il est impossible de juger, qui jugent qu'ils n'ont pas le droit de juger, qui jugent qu'ils n'ont pas les moyens de juger, qui jugent qu'ils n'ont pas tous les éléments pour juger, qui jugent qu'ils n'ont pas à révéler leur jugement, qui réservent leur jugement en attendant de pouvoir mieux juger, qui ne veulent pas qu'on les juge en jugeant ce qu'ils ont jugé, qui ont peur d'être mal jugé, qui jugent que c'est la vie, qui jugent que le temps jugera, qui attendent le jugement dernier, qui n'ont pas de jugements, qui n'ont pas de jugeote, jugez vous-mêmes !

 

 

Si l'on mesure le fait que les êtres humains mentent en moyenne 2 à 3 fois par jour...

 

 

Avec le temps, ça ne s'arrange pas.

 

 

(Les lecteurs à tour de rôle, en faisant tourner leur toupie.)

 

Elle est née en 2000, il aurait 9 ans aujourd?hui.

Il est né en 1979, il aurait 30 ans aujourd'hui.

Elle est née en 1960, elle aurait 49 ans aujourd'hui.

Il est né en 1907, il aurait 102 ans aujourd'hui.

Il est né en 1856, il aurait 153 ans aujourd'hui.

Elle est née en 1248, elle aurait 761 ans aujourd'hui.

Il est né en 231, il aurait 1778 ans aujourd'hui.

 


(Un lecteur en Français, puis la libraire, en Allemand.)

 

Si on tient compte du fait qu'il a été écrit plus de livres entre 1945 et nos jours qu'entre Gutenberg et 1945...


Wenn man bedenkt, dass zwischen 1945 und heute mehr Bücher geschrieben wurden als zwischen Gutenberg und 1945 ...

 

 

 

Les chiffres parlent d'eux-mêmes !

 

 

 

Si l'on se rend compte du fait qu'avec l'âge, selon les cas, le sourcil monte ou descend...

 

 

 

Avec le temps, ça s'arrange ou ça ne s'arrange pas ? Faudrait SAVOIR !

 

 

 

Si l'on mesure le fait qu'1 papier met 3 mois à disparaître, une peau de banane 5 mois, un chewing-gum 3 ans, un sac plastique 5 ans, 1 ordinateur des centaines d'années, et que la consommation de conservateurs chimiques fait qu'un cadavre met 3 jours de plus de temps à se décomposer aujourd'hui qu'autrefois...

 

 

(Un lecteur en faisant tourner sa toupie et en s'adressant au public.)

 

La veille, il disait : « Je vous enterrerai tous ! »

 

 

 

Si l'on prend en compte le fait que l'inventaire des trous sur le territoire français comprenant des cavités naturelles ou creusées par l'homme : caves, mines, carrières etc. s'élève à environ 500 000 unités...

 

(Un lecteur en adressant au public et en arrêtant sa toupie.)

 

Le lendemain, tous l'enterraient.

 


 

Si l'on se rend compte que dans une poignée de terre, il y a plus de microbes que d'habitants sur la planète

 

 

 

(Le lecteur et la libraire ensemble, à bout de patience.)

 

Qu'est-ce que tu fabriques à la fin ? Was treibst Du Eigentlich ?

Je vais pas t'attendre pendant 100 000 ans ! 100 000 Jahre werde ich nicht auf dich warten !

 

 

 

100 000 ans, c'est la fin ?

 

 

(Les lecteurs en canon et en faisant tourner leurs toupies chaque fois qu'ils prennent la parole.)

 

Quand je pense que je suis arrivé jusque-là sans être mort !

 

 

 

 

 





 

des mesures & démesure (combinaison n°7), lecture performée par Joëlle Péhaut, Patrick Quérillacq et Isabelle Lartault, avec la participation de Zoé Cuzin (trapèze) et Gabriel Székély (balles), et Débords, blocs-poèmes, exposition de Muriel Leray, Le jour de la Sirène, chez Justine Schmitt et Christophe Cuzin, Paris, 2 avril 2008



Extraits


(Zoé fait des exercices avec le trapèze pendant que Joëlle, Patrick, Isabelle et Gabriel (ses balles dans les mains) font le tour de la table ronde. Gabriel se met à jongler. Les trois autres trouvent leur place sur des chaises de bureau tournantes réglées à des hauteurs différentes. Avant de commencer à lire chacun fait tourner sa toupie.)

(...)

 

Si l'on mesure le fait que l'univers observable est de plus en plus vaste et, qu'en dépit de l'attraction gravitationnelle de la matière, son expansion s'accélère...

 

 

 

Il y a encore de la place ici ?

Je cherche une place.

Ça fait des heures que je tourne pour trouver une place !

 

 

C'est à chacun de faire sa place, les places sont prises, déplacez-vous !

 

 

 

Si l'on mesure le fait que depuis l'an 2000, la planète compte, chaque jour, 180 000 citadins de plus, qu'en 2030, 60% de la population mondiale vivra dans les villes, que 80% de cette population ne consomme que 20% de l'énergie totale, que 65% de la population ayant accès à l'électricité dispose d'une puissance inférieure à 3 lampes, qu'au-dessus des océans et des déserts, on peut parvenir à observer à l'oeil nu environ 5000 étoiles, et qu'alors que dans les régions rurales le chiffre approche encore les 3000, il n'est plus, à cause de l'éclairage urbain, que d'une vingtaine dans les villes de province et seulement d'une douzaine à Paris, qu'en France, à cause de ces 7 millions de luminaires (lampadaires, candélabres et boules lumineuses) et à cause de tous les réacteurs nucléaires dont 2,5 millions ne servent qu'à éclairer le ciel, les lucioles sont en voie de disparition, que le fait qu'aujourd'hui la population occidentale soit mieux nourrie et vive de plus en plus en ville elle est davantage exposée à la lumière électrique qui favorise la stimulation de l'hormone de croissance, qu'après 45 ans, les hommes ne peuvent pratiquement plus bénéficier des phases de sommeil dit profond durant lesquelles cette hormone est produite, et que sa baisse de production en augmentant la quantité de graisse dans l'organisme favorise les risques d'obésité, qu'aux États-Unis, la durée moyenne de sommeil quotidien a diminué de 2 heures entre 1960 et aujourd'hui et que si en 1960, on comptait 1 obèse pour 9 adultes, on en compte à présent 1 sur 3... 

 

En résumé  : il y a de plus en plus de gens qui vivent dans les villes, mais ce sont les citadins des pays les plus riches qui monopolisent la lumière électrique qui les font grandir, grossir et les empêchent de dormir, de voir les étoiles et de regarder luire les lucioles.

 

 

Moi, ça me dépasse !

 

 

Attends-moi,

j'en ai juste pour :

5 minutes !

Juste pour :

2 minutes !

Juste pour :

1 minute !

Juste pour :

30 secondes !

Juste pour

20 secondes !

Juste pour

15 secondes !

Juste pour

10 secondes !

Juste pour

5 secondes !

Juste pour

3 secondes !

Juste pour

2 secondes !

Juste pour

1 seconde !

 

 

 

Vitesse de la lumière :      300 000 kilomètres par seconde (7 fois le tour de la terre en 1 seconde).

Vitesse du son dans l'air :        300 mètres par seconde (on entend le tonnerre 3 secondes après l'éclair si l'orage est à 1 kilomètre).

 

 

Comment font les autres ?

 

Qu'est-ce qu'ils ont de plus que nous ?

Ils sont de moins en moins à avoir plus?

Nous sommes de plus en plus à avoir moins?

On ne peut pas avoir moins.

Qu'est-ce qu'il leur faut de plus ?

 

 

 

Si l'on se rend compte que si les animaux aident à chasser le stress de leurs maîtres, le chat stressé au lieu de chasser se ronge les ongles...

 
 

 

Compenser en multipliant par 1, 2, 3, 4, 7, 10, 36, 100, 1000, 36000, 150 000

 

Se lever 2 fois plus tôt pour faire 3 fois plus de choses.

Faire 3 fois plus de choses en 3 fois moins de temps.

Faire 1000 choses à la fois.

Travailler 3 fois plus vite pour finir 3 fois plus tôt.

Manger 2 fois moins pour diviser son poids par 2.

Être 2 fois plus sévère pour être 3 fois plus respecté.

Accepter d'être taxé 2 fois plus pour pouvoir polluer 2 fois plus.

Utiliser 3 fois plus de produits de beauté pour paraître 3 fois plus beau.

Tourner 7 fois sa langue dans sa bouche pour paraître 7 fois plus intelligent. 

Prendre 2 fois plus de médicaments pour guérir 2 fois plus vite.

Prendre 2 fois plus de calmants pour être 2 fois plus zen.

 

 

 

Si l'on mesure le fait que les psychiatres voient de plus en plus de patients qui, au même titre qu'un produit toxique, sont dépendants des séries télé, font des overdoses de chocolat, hallucinent avec le sport, sont accrocs au travail, au téléphone portable, à Internet, aux forfaits illimités, au shopping, à la chirurgie esthétique, à la spéculation boursière...

 

 

On peut, si c'est possible, plus ou moins

 

Faire le + de choses possibles en le - de temps possible.

Faire croire qu'on en fait le + possible mais en faire le - possible.

En faire le - possible pour se fatiguer le - possible.

Se fatiguer le - possible pour vivre le + longtemps possible.

Faire le + d'argent possible en investissant le - possible.

Dépenser le - possible en achetant le + de choses possibles.

Avoir le + de choses possibles pour être le + heureux possible.

Avoir le + d'argent possible en le montrant le - possible.

Observer le + possible mais que ça se voit le - possible.

En dire le - possible mais n'en penser pas - .

Parler le - possible pour laisser penser qu'on en sait le + possible.

Se montrer le + possible pour être le + inoubliable possible.

Être le + inoubliable possible pour avoir le + de pouvoir possible.

Avoir le + de pouvoir possible pour avoir le + de pouvoir possible.

 

 

 

Si l'on tient compte du fait qu'au Loto un grand nombre de personnes joue les dates anniversaires de leurs proches rendant ainsi moins rentables les petits numéros et qu'on prend en compte le fait que les joueurs se souviennent bien davantage de leurs gains que de leurs pertes...

 

 

 

Pourquoi tout le monde tient-il tant à fêter les chiffres ronds ?


 

Il faut prendre les mesures qui s'imposent.

 

 

C'est trop !

C'est 2 fois trop !

C'est 3 fois trop !

C'est 10 fois trop !

C'est 100 fois trop !

C'est 1000 fois trop !

 

                

 

Si l'on prend en compte le fait que dans les pays riches 27% des hommes et 24% des femmes ont un poids excessif, que parce qu'elle fragilise les artères et fait monter la tension, la graisse qui est accumulée dans les ventres est beaucoup plus toxique que celle accumulée dans les fesses, que le cerveau qui est l'organe le plus gras de notre corps est la membrane biologique des neurones, que sans gras le cerveau s'altère, que les prix des fruits et des légumes frais augmentent beaucoup plus vite que celui du sucre et des graisses, mais que le goût des aliments vient du gras, qu'en France, le surpoids touche 16% des ouvrières contre 4% des femmes cadres et qu'à revenu égal, les non-diplômés ont une consommation supérieure pour la plupart des corps gras, que chaque jour, 24 000 personnes meurent de faim dans le monde, soit une personne toutes les 15 secondes, que la production agricole mondiale suffirait à nourrir 10 fois chaque être humain, que les convives en groupe consomment 76% de plus que leurs besoins, que, malgré lui, chaque Français absorbe, chaque année, avec sa nourriture, environ 1,5 kilogramme de pesticides et que les aliments riches en hydrates de carbone apportent au corps des forces nouvelles qui améliorent l'humeur... 

 

Résultat : sur la terre où la matière grise est aussi de la matière grasse, les pauvres mangent trop riche ou alors pas du tout, et les riches mangent de tout mais leur nourriture tue.

 

 

Elle a l'air fragile, mais au fond elle est forte.

Elle n'est pas aussi forte qu'elle en a l'air.

Elle a l'air forte, mais au fond elle est fragile.

Elle n'est pas aussi fragile qu'elle en a l'air.

Ce n'est pas parce qu'elle a l'air forte qu'au fond elle n'est pas fragile.

C'est peut-être un signe de fragilité de vouloir se montrer aussi forte.

Elle doit être forte pour ne pas montrer sa fragilité.

 

 

 

Si l'on prend en compte le fait que parmi les adjectifs de mesure qui, par le sens, s'opposent directement à d'autres tout en en dérivant, c'est le plus souvent « petit » qui sera le dérivé et « grand » qui sera la base... 

 

 

Tu m'aimes ?

Je t'aime grand.

Grand comment ?

Grand comme ça.

Seulement ?

Je t'aime grand... GRAND comme ÇA !

Moi je t'aime plus grand que... Plus grand que... Mes bras ouverts ne suffisent pas à...

Moi je t'aime grand comme... comme... comme TOI !

Moi je t'aime grand comme la terre et le soleil et...

Moi je t'aime grand comme la mer et le ciel et ...

Moi je t'aime grand comme TOUT !

Et moi... et MOI, qu'est ce qui me reste ? Tu as tout pris !

 

 


 

Si l'on tient compte du fait qu'un grand nombre d'enfants pensent que les Pères Noël qui attendent devant les Grands Magasins et les Centres Commerciaux ne sont pas le Vrai...

 

 

Le grand prend le jouet et le tend en souriant au petit qui

va se saisir du jouet au moment

le grand l'éloigne vivement du petit qui

tend la main à nouveau pour attraper le jouet que  

le grand remet à la portée du petit qui

se grandit et tend haut le bras pour prendre le jouet qui

à peine effleuré remonte au bout de la main du grand qui

en riant accélère le mouvement agite en l'air le jouet et le redescend sous le nez du petit implorant qui

monté sur la pointe des pieds essaie tout là-haut d'attraper le jouet avec lequel

le grand de plus en plus excité se met à jongler puisque

le petit de plus en plus énervé commence à crier et à sangloter jusqu'à ce que

le grand, soudain, lassé, lâche prise : « Tu ne vas tout de même pas pleurer pour ça ! »

 

 

 

Si l'on mesure le fait qu'un mur est un ouvrage de maçonnerie s'élevant verticalement sur n'importe quelle longueur servant à enclore, à séparer des espaces et à supporter une poussée, que depuis la chute du mur de Berlin beaucoup d'autres se sont dressés y compris autour de lotissements privés, qu'un mur d'acier de 84 mètres de long sur 3 mètres de haut vient d'être construit à Padoue afin de séparer des autres habitants les dealers et les immigrés, qu'une clôture de 6 mètres de haut a été élevée pour empêcher les immigrés clandestins de pénétrer dans Melilla, une ville espagnole au Maroc, qu'un mur de béton de 700 kilomètres de long, de 8 à 9 mètres de haut doublé de fossés, de barbelés, d'alarmes électriques est érigé par le gouvernement israëlien entre l'état d'Israël et les territoires palestiniens, que, préfiguration de celui de 3200 kilomètres que l'administration Bush souhaite réaliser, un mur de 23 kilomètres de long et de 2,50 mètres de haut doublé d'une seconde clôture grillagée de 4 mètres de haut auxquels on a ajouté des projecteurs, des radars, des détecteurs à infrarouge ou magnétiques, des caméras de surveillance vidéo et des appareils de vision nocturne, a été construit par les américains à l'endroit le plus fréquenté de la frontière entre le Mexique et les États-Unis...

 

 

Si l'on tient compte du fait qu'un pont est un ouvrage reliant 2 points séparés par une dépression ou par un obstacle...

 

 

Par où êtes-vous sorti ?

Où voulez-vous rentrer ?

Rentrez par où vous êtes sorti !



 
 

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